Pourquoi faire des radiographies à la l'achat de votre cheval?

Catégorie : Équidé

Publié le Vendredi 18 Novembre 2022

Les classiques de la visite d’achat : Étudions quelles sont les lésions radiographiques les plus fréquentes en visite d’achat.

 

 

 

 

 

 

La radiographie,un examen clé lors de la visite d’achat

Effectuée après l’examen clinique du cheval, la prise de clichés radiographiques est presque systématique lors de visite d’achat. Si l’intérêt de la radiographie dans l’appréciation de l’appareil locomoteur du cheval est indéniable, cet examen complémentaire présente néanmoins des limites qu’il faut connaître.

La visite d’achat d’un cheval de loisir ou de sport est un moment clé pour tout acheteur. En effet, elle représente l’ultime frein potentiel à la réalisation de la transaction. Quels que soient la race du cheval et le type d’activité auquel il est destiné, cet examen est utile et vivement recommandé pour déceler les vices que l’animal peut présenter. Il permet ainsi à l’acheteur d’avoir un état des lieux précis de la condition médicale du cheval qu’il souhaite acquérir et de savoir si a priori ce cheval présente la qualité substantielle nécessaire pour l’usage auquel il est destiné. La décision finale de l’achat revient toujours in fine à l’acheteur, mais grâce à la visite d’achat, le choix se fait en connaissance de cause.

 Une interprétation des clichés parfois délicate

L’examen radiographique représente maintenant un élément essentiel de la visite d’achat, mais sa valeur relative par rapport à l’examen clinique varie en fonction de l’âge du cheval et de son niveau d’activité. Ceci découle du fait que l’expression clinique d’une lésion radiographique est souvent dépendante de l’âge du cheval et surtout ; mais les deux sont souvent liés ; de son niveau d’activité. En effet, on différencie les lésions ostéoarticulaires juvéniles qui sont radiographiquement précoces, mais qui peuvent être parfois sans expression clinique toute la vie du cheval en fonction de leur localisation ou de leur taille. Cependant, tant que le cheval n’a pas un niveau d’activité suffisant en qualité et en durée dans le temps, il est souvent impossible d’émettre un pronostic précis sur la gravité de cette lésion. On comprendra dès lors que sur un jeune cheval sans trop de travail à son actif, l’examen radiographique (souvent très complet) prime souvent sur l’examen clinique (parfois limité compte tenu du degré de dressage et de la docilité du poulain) car certaines lésions radiographiques n’ont pas encore eu le temps d’être actives cliniquement et qu’a contrario, sur un cheval d’âge en activité, l’examen clinique aura tendance à primer sur l’examen radiographique car de nombreuses lésions pourraient être radiographiquement visibles sans pour autant représenter un réel frein à l’utilisation du cheval.

 

Les classiques de la visite d’achat : Étudions quelles sont les lésions radiographiques les plus fréquentes en visite d’achat.

Les lésions de l’os naviculaire

Ce sont les plus redoutées et les plus fréquentes. Leur valeur pronostique est très importante même si, malgré les progrès réalisés, certaines images restent encore difficiles à juger avec certitude. La morphologie de l’os naviculaire est étudiée avec précision et tout remodelage anormal de son contour est interprété comme une évolution arthrosique qui péjore le pronostic sportif. Le bord distal de l’os est particulièrement étudié, car il abrite de manière physiologie des fossettes synoviales (petites cavités qui interrompent la ligne de contour de l’os qui s’invagine dans sa structure plus profonde). La taille, le nombre et la forme normale de ces fossettes sont désormais assez bien standardisés et toute anomalie significative sur l’un des paramètres est considérée comme un signe précoce de pathologie ostéoarticulaire interphalangienne distale et sésamoïdo-phalangienne regroupées sous le vocable maladie naviculaire. La structure interne de cet os est particulièrement étudiée car des zones ostéolytiques peuvent être présentes et suggérer une maladie naviculaire déjà évoluée.

 

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Les lésions ostéoarticulaires juvéniles

On répertorie dans cette catégorie deux cas.

Tout d’abord, les fragments osseux (fragments d’ostéochondrose) qui peuvent provenir d’un relief osseux ou d’une insertion ligamentaire. Ils correspondent à une fracture parcellaire lors des premiers mois de la vie du poulain. Le fragment d’os arraché est alors cartilagineux et s’ossifie dans un second temps détaché de son origine. Ces fragments peuvent être de taille variable (de quelques mm à plusieurs cm) et être libres et flottants dans l’articulation ou bien accrochés à l’os par du tissu cicatriciel à leur place initiale ou ailleurs ou encore être adhérents à la membrane synoviale ou dans les fibres d’un ligament. La gêne occasionnée par ces fragments est variable et dépend plus de leur localisation et de leur influence sur la mécanique articulaire que de leur seule taille. En effet, certains petits fragments mal placés et libres entretiennent une inflammation articulaire (synovite) qui dégénère rapidement en arthrose alors que certains fragments plus volumineux mais fixés dans des endroits peu gênants peuvent être localement bien tolérés et ne pas être mauvais pronostic. Diagnostiqués tôt, ces fragments peuvent être retirés chirurgicalement par arthroscopie. Ceci améliore le pronostic et permet également de visualiser la majorité de l’articulation.

 

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Le deuxième cas concerne les kystes osseux sous-chondraux (situés sous le cartilage articulaire). Ils sont la conséquence d’un traumatisme sur l’os juvénile lors des premiers mois de la vie. Cette zone déminéralisée de forme ronde est une zone de moindre résistance et contient généralement du tissu osseux nécrosé (mort). Elle se situe généralement sur des surfaces de contact importantes pour la locomotion et est rapidement le siège d’une douleur conséquente. Le pronostic est généralement mauvais mais les traitements chirurgicaux (curetage du kyste) et médicaux (infiltration de l’articulation ou du kyste) peuvent parfois améliorer la situation. Ces lésions juvéniles se retrouvent le plus souvent dans les articulations à forte mobilité comme les boulets, grassets et l’articulation haute du jarret (tibio-talienne). Cependant, les articulations interphalangiennes et naviculaires ne sont pas épargnées même si elles sont statistiquement moins touchées ; le pronostic y est d’ailleurs souvent moins bon.

 

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Les lésions arthrosiques

Les lésions arthrosiques sont des lésions dégénératives que l’on peut retrouver sur toutes les articulations. Radiographiquement, elles se manifestent par des remodelages des marges articulaires, des zones d’ostéolyse et des zones de sclérose. Elles peuvent être très précoces (suite à des lésions juvéniles comme de l’ostéochondrose ou des traumatismes subis lors des premiers mois de vie du poulain) ou arriver plus tardivement suite à une utilisation intensive ou après un accident (traumatisme, entorse…). Les plus fréquemment diagnostiquées en visite d’achat sont les arthroses du pied (naviculaire et interphalangiennes distales) et du jarret (classiquement appelé éparvin) ; mais on peut retrouver ces lésions sur les boulets, les grassets, les carpes et le dos.

 

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Source : Cheval Santé