Le cheval et ses souffrances dans la littérature
Catégorie : Autres
Publié le Jeudi 12 Mai 2022
Commençons cette lecture par un petit "le saviez-vous" : saviez vous que ce sont les maltraitances réalisées sur les équidés qui ont influencé la création de la Société Protectrice des Animaux (SPA) et ce dès 1845 !
Après cette petite mise en situation, nous allons nous intéresser aux souffrances du cheval dans la littérature. Pour première illustration, il y a le récit court de l’auteur Eugène Sue qui dans Godolphin Arabian fait la promotion de l’apport de sang arabe dans l’élevage français. Pour cela, il raconte l’aventure du cheval Godolphin Arabian maltraité par son charretier alors qu’il est attelé pour tracter une voiture dont la charge est trop lourde pour lui. L’équidé est ainsi décrit comme une victime brutalisée et recevant des coups de fouet sur la tête et sur le corps.
Guy de Maupassant raconte la vie de Coco, un vieil équidé gardé par sa propriétaire par affection. Elle le confie à un jeune homme Isidore qui ne comprend pas pourquoi ce cheval continue à être entretenu alors qu’il ne sert plus. Il va donc se comporter avec méchanceté avec l’équidé et ne plus l’alimenter. Coco finira attaché à une longe très courte réduisant fortement son accès à l’herbe et il mourra de faim.
Au XXème siècle, Milady est la fiction la plus connue des lecteurs cavaliers. Paul Morand raconte l’aventure d’une jument de haute école Milady vendue par son écuyer ruiné par un divorce. Elle se retrouve sous la propriété d’un banquier dont les connaissances sur les équidés sont limitées. Lors de la visite de son ancien propriétaire, celui-ci est contrarié de constater que son équidé est malade. Et pour cause, elle est nourrie avec quatorze litres d’avoine par jour !
Le prix Nobel de littérature, Claude Simon, compte régulièrement les interactions entre les hommes et les chevaux. Dans Le Cheval, un équidé finira par mourir en raison des violences effectuées par son cavalier. Il lui faisait subir des coups de casque répétitifs sur la tête pour l’empêcher de trottiner.
En littérature, les blessures dues par l’homme sont les plus fréquentes. Les blessures d’usages (comme les maladies de pieds, la fatigue musculaire, les blessures par l’équipement) sont plus rares. Dans la réalité, ces blessures d’usages sont les plus rencontrées par les cavaliers.
Les auteurs mettent en scène des chevaux qui souffrent pour renforcer le réalisme du récit, représenter la souffrance des hommes et la transformation de la société (disparition des chevaux au profit des machines). La souffrance des équidés permet de créer du suspens dans l’histoire, la faire progresser, et provoquer de l’action. Le cheval est un être vivant qui se rue, se cabre ou fait tomber. L’équidé permet également de produire de l’empathie chez le lecteur. Le cheval qui se sacrifie pour l’homme touche le lecteur de façon efficace. Le cheval est également le miroir des souffrances propres à l’homme.
Source : Web conférence du 5 avril 2022 présentée par Diane Guirard de Camproger, doctorante en langues et littératures francaises à l’Université de Caen.