Pourquoi un cheval arrête de manger ?
Catégorie : Équidé
Publié le Vendredi 28 Février 2020
La question se pose alors : quel est le signal qui dit au cheval qu’il faut s'arrêter de manger?
On dit souvent qu’un cheval mange toute la journée. Or, lorsque vous regardez un cheval, vous constatez qu’il alterne des phases où il se nourrit et des phases où il ne se nourrit pas.
La question se pose alors : quel est le signal qui dit au cheval qu’il a assez mangé ?
Faisons un peu d’anthropomorphisme et revoyons notre dernier banquet de réveillon. Nous nous asseyons à table et nous commençons le repas. Et puis, après la consommation de plein de bonnes choses, nous allons à un moment « caller » et nous arrêter de manger.
Pourquoi ?
Les expressions usuelles le disent très bien. Lorsqu’on a faim, on a « le ventre creux » « l’estomac vide » ou bien « dans les talons ». Lorsqu’on a mangé, on a « l’estomac plein », et à la fin des repas de la St Sylvestre, on est « plein comme une outre ».
Bref, pour nous, tout se passe autour de la contenance de l’estomac. Lorsqu’il est vide on a faim. Lorsqu’il est plein, on arrête de manger. C’est d’ailleurs pour cette raison que le fait de mettre un anneau gastrique aux personnes obèses, leur permet de maigrir : moins de place dans l’estomac, on peut moins manger.
Cela marche parce qu’il faut que le repas soit resté un moment dans notre estomac et ait commencé à être digéré pour qu’il puisse continuer son chemin vers notre intestin grêle.
On a alors tout naturellement tendance à appliquer ce principe humain à nos chevaux et on entend beaucoup parler du volume d’un aliment par rapport au volume de l’estomac.
Sauf que l’estomac du cheval se vidange entre 6 et 8 fois par jour et qu’au cours d’un même repas, il subit souvent 2 vidanges pour ne conserver que le dernier tiers. La notion d’estomac plein pour un cheval n’a donc pas de réelle signification puisque quand il est plein, il peut le vider alors que nous ne pouvons pas le faire.
En fait, pour un cheval qui mange, le signal « stop » s’allumerait lorsque les produits terminaux de la digestion comme le glucose ou les acides gras volatils (AGV) seraient passés dans le sang. Autrement dit pour que le signal stop s’allume, il faut que l’aliment soit digéré et que les nutriments aient passé la barrière intestinale pour arriver au niveau sanguin. Comme le fût du canon, cher à Fernand Raynaud, il faut… un certain temps.
Alors que le sentiment de l’estomac plein qui est votre signal « stop », vous l’avez quasi en temps réel.
Cela a des conséquences importantes sur notre façon de nous alimenter.
Si un cheval s’échappe et tombe sur le coffre à avoine, comme il aime particulièrement cela, il va se goinfrer. Mais il va pouvoir avaler l’avoine plus vite qu’il ne va pouvoir la digérer. Donc, le signal « stop » s’allumera bien trop tard pour réguler efficacement l’ingestion. Le cheval risque de dépasser ses capacités et se payer une méga-indigestion qui l’amènera jusqu’à la colique potentiellement mortelle. Alors que vous, même si vous exagérez sur la bûche glacée, vous aurez peut-être du mal à digérer mais vous n’en mourrez pas !
Par contre, supposons qu’au mépris absolu des bons préceptes dont nos organismes gouvernementaux nous rebattent les oreilles (« Évitez de grignoter dans la journée ! »), vous vous mettiez à manger comme un cheval disons sur 6-7 h par jour, vous n’auriez jamais l’estomac plein. Donc votre signal « stop » ne s’allumerait jamais. Donc il est certain que vous dépasseriez allègrement la quantité de nourriture qui vous est nécessaire et que l’aiguille de la balance aurait tendance à prendre la tangente. Par contre, votre cheval comme il régule au niveau sanguin, il peut grignoter toute la journée, lui.
En un mot comme en cent, nous sommes adaptés à quelques repas par jour alors que le cheval est adapté à une alimentation répartie en petites fractions tout au long de la journée et de la nuit. De même que de nous mettre à manger comme un cheval ne nous ferait pas de bien, de même, alimenter un cheval comme un humain avec de gros repas et rien entre, n’est guère souhaitable.
(sources techniques d'élevage)