Au secours mon cheval fuit au pré
Catégorie : Équidé
Publié le Jeudi 31 Mars 2022
Avant tout, il convient de comprendre pourquoi votre cheval s’éloigne ou vous menace lorsque vous arrivez au pré pour l’en faire sortir. La raison la plus communément rencontrée est le manque d’activité : un cheval vivant majoritairement au box a physiquement et mentalement besoin de sortir au pré, de brouter, de se déplacer à volonté et d’établir des contacts avec ses congénères. Même une sortie quotidienne de quelques heures peut ne pas lui suffire ! Il est également possible qu’il ait du mal à s’éloigner des autres chevaux, que ceux-ci partagent son pré ou vivent dans les espaces contigus. Cette grégarité peut s’atténuer avec des séances adaptées et progressives qui l’aideront à prendre confiance en lui et en vous.
Enfin, une mauvaise attitude du cavalier, souvent inconsciente, peut amener sa monture à s’en éloigner : gestes parasites, corrections inadaptées et surtout séance systématique peuvent rapidement l’amener à associer la venue de cet humain à de l’inconfort.
Essayez de passer du temps au parc à ne rien faire, sans le solliciter, en remplaçant votre licol par un livre ou un appareil photo : vous attiserez sa curiosité et lui donnerez une image bien plus positive de vous!
Préparation en carrière
Si certains chevaux accourent au premier claquement de langue, d’autres voient la présence humaine comme une pression à fuir à tout prix… ou ne voient simplement pas l’intérêt de jeter un regard au cavalier qui gesticule à l’entrée de leur pré ! Dans tous les cas, mettre en place des bases solides dans un espace clos peut augmenter confiance et respect. Vérifiez d’abord que vous pouvez lui mettre un licol correctement, sans qu’il évite le contact : demandez-lui de descendre l’encolure avec une très légère pression de votre main sur sa nuque, puis présentez-lui le licol en vous contentant de le corriger s’il redresse la tête : demandez-lui des choses simples qui lui donnent des objectifs et sont faciles à récompenser.
Face à lui, vous pouvez ensuite travailler le "ramener" : penchez vous en arrière, tendez votre longe si besoin, et relâchez immédiatement au moindre pas dans votre direction. Pour le désengagement, concentrez votre attention vers son postérieur, inclinez-vous légèrement vers sa croupe en utilisant votre stick pour augmenter votre demande, et redressez-vous en relâchant la pression dès que le postérieur ciblé croise devant l’autre pied. Ces exercices, s’ils sont demandés avec des aides les plus fines possibles et ponctués de pauses, rendront votre cheval plus attentif et lui enseigneront à céder à la pression. S’ils sont acquis, vous pouvez les tenter en liberté : le désengagement des postérieurs amènera votre cheval à vous faire face et vous aidera donc à capter son attention. S’il vient vers vous dès que vous inclinez votre corps en arrière, vous pouvez tenter la même demande au trot… ou au galop !
N’oubliez pas que votre énergie est la première aide que vous devez utiliser, mais ne noyez pas le cheval sous une avalanche de demandes frénétiques. Votre présence doit être agréable, le temps passé en carrière également !
Application au parc
Une fois votre cheval lâché dans son parc, suivez les mêmes impératifs qu'en carrière : progression des aides, récompenses et respect. Approchez-vous de lui en marchant calmement vers son épaule. Dès qu’il vous regarde, fixez vos pieds et baissez la pression. S’il semble agité mais qu’il reste arrêté, vous pouvez regarder le sol, voir vous accroupir si vous êtes à distance suffisante pour votre sécurité.
Si le cheval semble complètement indifférent, attirez son attention avant d’arriver à proximité. Claquement de langue, bruit de stick ou de sac plastique : l’important n’est surtout pas de l’agresser, mais de ne pas arriver par surprise. Même s’il ne fuit pas pendant la phase d’approche, votre cheval peut subitement décider de partir alors que vous n’êtes plus qu’à quelques centimètres, quitte parfois à lancer quelques ruades. Vous devez être sûr qu’il vous a vu et accepté, avant de passer à l’étape suivante. Là encore, dès qu’il vous regarde, cessez toute pression, qu’il s’agisse de votre mouvement vers lui ou du bruit que vous faites. S’il fuit ou cherche à vous intimider, mettez-le en mouvement (en gardant toujours une distance de sécurité !) en restant proportionnel à son comportement : une menace de ruade sera sanctionnée par une forte mise en avant, alors qu’un cheval qui se contente de s’éloigner doucement à votre approche peut simplement être encouragé à marcher au pas jusqu’à ce que son attention se tourne vers vous. Quelle que soit son allure, récompensez-le dès qu’il vous regarde ou se concentre sur vous : dans l’idéal, vous pouvez lui demander un désengagement s’il est acquis en carrière, ou simplement lui permettre de s’arrêter, même s’il est à plusieurs dizaines de mètres.
Dès qu’il se calme, vous pouvez recommencer à vous approcher tranquillement vers son épaule, mais avec franchise. Si, en revanche, il recommence à fuir ou à vous menacer, redemandez-lui de bouger, sans énervement, comme si vous aviez des heures de temps libre devant vous…
Lorsque vous arrivez à son contact, commencez par le caresser. Si l’approche a été longue, ne lui mettez pas le licol, ou alors enlevez lui après quelques secondes. Vous pouvez renforcer son immobilité par une friandise, puis vous éloigner doucement. Attention : c’est à vous de décider de vous éloigner, pas au cheval de partir dès qu’il fini sa friandise ! S’il part après avoir « volé » sa récompense, recommencez tranquillement toutes les étapes en le faisant bouger et n’arrêtez surtout pas la séance ! Et n’oubliez pas que ce genre de souci est le résultat d’une attitude globale.
Source Cheval Magazine : Expert Marie SUTTER